ourtant, un Pierre Petit (par exemple), très lié cependant avec Huygens, n'en fut jamais. Pourquoi ? Un conflit scientifique avec Auzout et Picard au sujet du micromètre ? Et Bouillau ? trop âgé ? Et Lefèvre ? Il dut démissionner de l'Académie après une querelle assez vive avec La Hire. Et pourquoi avoir laissé à la porte Mesdames du Châtelet et Lepaute ? L'ostracisme envers les femmes ne figure pourtant nullement dans le règlement de l'Académie...

ais il s'agit là de cas très isolés, que l'on peut compter sur les doigts de la main pendant plus de deux siècles. L'Académie a englobé en effet quasiment toute l'astronomie française, et ce n'est plus aujourd'hui le cas. Avec les seuls noms d'astronomes français ou étrangers nommés ci-dessus comme ayant appartenu à un titre ou à un autre à l'Académie des sciences avant 1877, on pourrait écrire l'histoire de l'astronomie moderne, sans ne manquer rien ni personne d'important. Depuis plus d'un siècle, ce n'est plus possible.

ue dire des oubliés de la dernière période ? Mineur était un génie intuitif et puissant ; il montra (avant Baade) qu'il fallait corriger l'échelle de distance de Hubble des galaxies, grâce à l'étude dynamique des étoiles variables céphéides. Chalonge et Barbier ont introduit en astrophysique la première classification spectrale entièrement rationnelle et quantitative. Les travaux de Rösch sur la granulation solaire sont des travaux de pionnier. Kourganoff, mieux que tout autre, sut établir une théorie efficace du transfert de rayonnement, et Lacroute est à l'origine du catalogue Hipparcos… Si les antipathies de Danjon le conduisirent à éloigner de tout poste important les "francs-tireurs" avoués qu'étaient Mineur, Rösch, Barbier, ou Kourganoff, il n'en était pas de même d'un Chalonge ou d'un Lacroute. Alors ? Il faut se rendre à l'évidence. L'Académie des sciences, c'était jadis, et encore naguère, toute l'astronomie. Aujourd'hui, c'est un club de qualité, qui peut jouer un rôle important ; mais l'astronomie française ne peut plus se réduire à ce seul cénacle. En témoigne malheureusement de façon très aiguë, le fait que les astronomes ne publient presque plus du tout dans les Comptes Rendus, alors que c'était la règle, quasiment même une obligation, il y a seulement 40 ans, avant la loi Edgar Faure de 1969, et avant la réforme de 1976-1977. C'est tout à l'honneur de l'Académie des sciences que d'accepter d'être seulement une élite stable et responsable, tout en renonçant au rôle qui marqua son histoire d'être à elle seule toute la science française.