Claude Allègre
31 mars 1937 - 4 janvier 2025
Notice nécrologique
Chères Consœurs, chers Confrères,
C’est avec tristesse que nous avons appris le décès de Claude Allègre, survenu le 4 janvier à l’âge de 87 ans. Il avait été élu à l’Académie des sciences le 6 novembre 1995 dans la section des Sciences de l’univers.
Claude Allègre était un scientifique de grande renommée internationale, connu pour ses recherches et ses innovations techniques et méthodologiques en géochimie. Il s’était inscrit dans le débat sur les évolutions du climat avec des analyses controversées. Après des études universitaires de géologie, de géophysique et de métallogénie, il a réalisé l'énorme potentiel de la géochimie et préparé une thèse de doctorat dans ce domaine. Il a ensuite créé un laboratoire de géochimie qu'il a rapidement amené au premier plan mondial. La NASA l'a choisi comme seul laboratoire non-américain pour analyser les très rares échantillons lunaires des missions Apollo.
Claude Allègre a changé fondamentalement la géochimie, une discipline qui était essentiellement descriptive avant lui et qu'il a utilisée pour analyser quantitativement le fonctionnement du globe terrestre et de son manteau convectif. Il a accompagné l'essor de la théorie de la tectonique des plaques avec divers traceurs géochimiques. Il s'est aussi intéressé à la formation de l'univers et du système solaire grâce à des mesures très précises de la composition des météorites et de leurs divers composants. Plus récemment, il s'est attaché à déterminer et suivre le parcours des eaux continentales à différentes échelles de temps et d'espace. On lui doit nombre de méthodes pour déterminer avec grande précision la composition des roches et des laves en différents éléments chimiques et leurs isotopes. Grâce à lui, on sait dater les évènements qui ponctuent la formation, l'ascension et le stockage des magmas sous les volcans. Claude Allègre tenait à insérer ses mesures géochimiques dans des modèles quantitatifs de la machine terrestre. C'est pour ces travaux que l'Académie des sciences de Suède lui a attribué le prestigieux prix Crafoord.
Son mandat á la tête de l'Institut de Physique du Globe de Paris a vu l'émergence de nouvelles équipes de recherche dans de nombreux domaines, comme le paléomagnétisme, la physique des matériaux à haute pression et température, la tectonique et la dynamique des fluides géologiques. Il a milité pour la création de l'observatoire mondial de sismologie large-bande Géoscope qui a révolutionné l'étude de la structure interne de la Terre. Il a formé nombre de chercheurs de grande réputation en France et à l'étranger. Les plus grandes unions scientifiques et institutions internationales l'ont honoré : l'American Geophysical Union (médaille William Bowie), la Geological Society of London (médaille Wollaston), la Geochemical Society (médaille Goldschmidt), la Geological Society of America (médaille Arthur Day) et le CNRS (médaille d'Or). Il était membre de l'Académie des sciences et de la National Academy of Sciences.
Claude Allègre ne concevait pas la recherche sans l’enseignement. Nombreux sont les cours qu’il a enseignés et les livres qu’il a écrits. En tant que ministre de l’Éducation, il a été à l’origine de plusieurs améliorations fondamentales parmi lesquelles on peut citer le LMD (Licence/Master/Doctorat) qui a donné un cadre cohérent aux études supérieures à l’échelle de toute l’Europe, une forte augmentation du budget des doctorants et la création de l’Institut Universitaire de France (IUF). Il fut enfin l’inspirateur et le moteur du plan Université 2000 et de sa prolongation U3M (Université du troisième millénaire).
Avec notre profond regret et nos sincères salutations.
Le Bureau de l’académie des sciences
Joanne Chory
19 mars 1955 - 12 novembre 2024
Joanne Chory était professeur à l'université de Californie, San Diego (États-Unis).
Elle étudiait les mécanismes par lesquels les plantes s'adaptent aux changements de leur environnement lumineux.
Ian Affleck
2 juillet 1952 - 4 octobre 2024
L'Académie des sciences a le profond regret de faire part du décès de Ian Affleck survenu le 4 octobre 2024 à l’âge de soixante-douze ans. Il avait été élu associé étranger le 17 novembre 2015 dans la section de Physique.
Notice nécrologique
C'est avec tristesse que nous avons appris le décès de notre associé étranger Ian Affleck, survenu le 4 octobre dernier à l'âge de 72 ans. Il avait été élu en 2015 et s'était rattaché à la section de physique. Ian Affleck était un théoricien original et élégant qui a marqué de son empreinte la théorie quantique des champs, depuis la physique des particules dans ses débuts à la physique de la matière condensée. Après sa thèse à Harvard sous la direction de Sidney Coleman, il avait enseigné à Princeton avant de devenir professeur à l'UBC (Université de Colombie Britannique) à Vancouver où il avait grandi. Il avait entretenu de nombreux contacts et des liens d'amitié avec la France, après notamment une année à Saclay en 1985 et des cours remarquables aux Houches.
Ses contributions initiales des années 80 en chromodynamique quantique (brisure de supersymétrie et rôle des instantons, baryogénèse, etc.) sont toujours d'actualité, mais il a montré dans la suite de sa carrière que ces mêmes méthodes, souvent conjuguées à celles de l'invariance conforme, permettaient de comprendre de multiples phénomènes relatifs à la matière condensée tels l'effet Kondo à plusieurs canaux, l'effet Hall quantique, les modèles intégrables de chaînes de spin quantiques, l'antiferromagnétisme quantique, et bien d'autres encore. Il a donc été l'un des théoriciens marquants du demi-siècle passé qui, à la suite de Polyakov, Wilson ou Witten, ont montré la puissance d'une vision unifiée de la matière à toutes les échelles. Son œuvre était un modèle de clarté, de rigueur et d'élégance.
Avec notre profond regret,
Le Bureau de l’Académie des sciences
Jean-Didier Vincent
Notice nécrologique
C’est avec tristesse que nous avons appris le décès de Jean-Didier Vincent, survenu le 4 octobre dernier à l’âge de 89 ans. Il avait été élu à l’Académie des sciences en 2001, rattaché à la section de Biologie humaine et sciences médicales. Après une formation médicale à l’université de Bordeaux, il devient Professeur de physiologie et Chef de service des explorations fonctionnelles au CHU de Bordeaux (1966–1993). Pendant cette période, il dirige l’unité U 176 de Neurobiologie des Comportements. En 1994, il est nommé Professeur à l’Institut Universitaire de France, avec une chaire de Neuroendocrinologie à l’université Paris XI. De 1992 à 2000, il devient Directeur de l’Institut de Neurobiologie Alfred Fessard du CNRS. Il a été, d'autre part, Président du Conseil National des Programmes au ministère de l’Éducation nationale et membre du Comité d'Éthique des sciences du CNRS.
Humaniste, érudit, esthète, Jean-Didier Vincent a largement contribué au développement de la Neuroendocrinologie. Dans le courant de la grande physiologie française, dont Claude Bernard est l’initiateur, il étudie les mécanismes physiopathologiques qui sous-tendent le fonctionnement cérébral en lien avec l’activité des hormones périphériques. Tenant compte du concept « d’état central fluctuant » qui lui était cher, il a ainsi montré l’action modulatrice de diverses hormones sur les mécanismes responsables de la faim, de la soif, de la reproduction, du sommeil, au sein du système nerveux. Avec cette façon si particulière qui était la sienne d’aborder une question scientifique en « pensant différemment », il a, par exemple, montré que certaines cellules endocrines de l’hypophyse partageaient avec les neurones les mêmes propriétés d’excitabilité électrique.
Jean-Didier Vincent avait écrit de nombreux ouvrages, dont la « biologie des passions », qui replace les émotions au centre au centre des comportements.
Personnalité hors du commun, Jean-Didier Vincent a laissé une œuvre scientifique remarquable qui a largement contribué à développer la discipline de Neuroendocrinologie en France et dans le monde.
Avec notre profond regret et nos sincères salutations.
Le Bureau de l’académie des sciences
Pierre Tiollais
1934 - 2024
Pierre Tiollais s’est éteint le 5 août 2024 à l’âge de quatre-vingt-neuf ans. Il avait été élu correspondant le 7 mai 1990, puis membre le 15 avril 1991 dans la section de Biologie humaine et sciences médicales. Il était professeur émérite à l’université Paris-Cité et à l’Institut Pasteur.
L'œuvre de Pierre Tiollais a été consacrée à la biologie moléculaire et au génie génétique. Il a réalisé d'importantes recherches sur le virus de l'hépatite B, ayant abouti à la vaccination thérapeutique.
Haïm Brézis
Notice nécrologique
Nous avons la grande tristesse de vous informer du décès de Haïm Brézis survenu le 7 juillet 2024 à l’âge de quatre-vingts ans. Il avait été élu correspondant le 24 novembre 1986, puis membre le 13 juin 1988 dans la section de Mathématique et dans l’Inter-section des applications des sciences.
Les premiers travaux de Haïm Brézis portent sur la théorie des opérateurs monotones. Son livre « Opérateurs maximaux monotones et semi-groupes de contractions dans les espaces de Hilbert » (1973) présente ses principaux résultats sur ces opérateurs qui en réalité constituent alors l’état de l’art. C’est pratiquement encore le cas aujourd’hui et cet ouvrage remarquable demeure une référence incontournable pour la communauté mathématique avec des applications dans des champs inattendus.
Une seconde série de ses travaux est consacrée à divers aspects des équations et inéquations variationnelles. Sa thèse de doctorat d’État, « Problèmes unilatéraux » (1972), sous la forme d’un article de 168 pages, établit des résultats de régularité optimaux pour ces équations (elliptiques, paraboliques ou hyperboliques). À la même époque, Haïm Brezis étudie également des équations elliptiques semi-linéaires avec données très peu régulières, dans l’espace des fonctions intégrables ou des mesures. Il obtient notamment des résultats cruciaux concernant l'existence de solutions avec des conditions optimales. Ces résultats, d'une influence majeure, sont encore régulièrement utilisés, témoignant de leur pertinence et de leur intemporalité.
Dans les années 1980, Haïm Brézis travaille sur des équations elliptiques quasi-invariantes invariantes sous l’action d’un groupe non compact qui implique des difficultés nouvelles. C’est le cadre naturel pour de nombreux problèmes issus de la géométrie ou de la physique. Il développe une méthode permettant d’obtenir des solutions pour de nombreux problèmes de ce type. Cette approche fait intervenir une énergie associée au problème, et montrer qu’elle atteint des valeurs inférieures à une certaine valeur critique permet de palier le défaut de compacité induit par le groupe non compact. Ces travaux magistraux ont eu et ont toujours un impact considérable.
Les années 1990 voient Haïm Brézis explorer les équations de Ginzburg-Landau (à valeurs complexes) intervenant notamment dans la théorie de la supraconductivité ou des superfluides. Ces équations contiennent un petit paramètre lié, par exemple, à des phénomènes de transitions de phases. Haïm Brézis a donné une description très précise du comportement asymptotique des solutions quand ce petit paramètre tend vers 0 avec l’apparition de vortex et leurs propriétés. Son livre « Ginzburg Landau Vortices », avec Fabrice Bethuel et Frédéric Hélein (1994), contient les résultats fondamentaux sur ce sujet. Ce livre a inspiré et inspire toujours de très nombreuses recherches et constitue la référence mathématique incontournable du sujet.
Ces sujets conduisent naturellement Haïm Brézis dès les années 1990 à s’intéresser aux espaces de Sobolev d’applications entre deux variétés, un thème à cheval entre l’analyse et la géométrie. Les résultats profonds de Brezis sur ce sujet établissent des propriétés fondamentales. Il a obtenu par exemple avec Hoai-Minh Nguyen des estimations très fines sur le jacobien d’une fonction entre deux sphères de même dimension.
Haïm Brézis a aussi eu une œuvre considérable dans la formation de chercheurs, dans l’enseignement avancé et dans la dissémination de la recherche.
En France, son cours d’Analyse Fonctionnelle à Jussieu, où se pressaient des étudiants a fait salle comble pendant des années. Son ouvrage « Analyse Fonctionnelle - Théorie et Applications » (1983) qui en est issu est considéré comme une bible du sujet. Traduit en une dizaine de langues, il a contribué très largement à la formation de nombreux analystes dans le monde entier.
Haïm Brézis a créé puis dirigé la collection de livres « Progress in Nonlinear Differential Equations and Their Applications » qui a publié plus d’une centaine de livres depuis 1988. Il a été rédacteur en chef du « Journal of the European Mathematical Society (JEMS) » pendant douze ans (2003-2015). Sous sa direction, JEMS est devenu une revue de tout premier plan. Sa contribution à notre revue « Comptes Rendus Mathématique » et à notre institution, par sa participation active à de nombreuses commissions, a été inestimable.
Haïm Brézis a fondé une école impressionnante, ayant dirigé 58 thèses et comptant plus de mille « descendants ». Son œuvre scientifique et son rayonnement ont été reconnus par de nombreuses distinctions. Il était membre ou membre étranger de neuf académies (dont l'American Academy of Arts and Sciences et la National Academy of Sciences) et docteur Honoris Causa ou professeur honoraire de onze universités. La plus récente distinction, le prestigieux Steele Prize for Lifetime Achievement, lui a été décerné en 2024 par l’American Mathematical Society en reconnaissance de toute son œuvre.
Haïm Brezis a été l'un des mathématiciens les plus influents de ces cinquante dernières années dans le monde. Son impact, touchant de nombreux domaines des mathématiques, son héritage et son rayonnement sont exceptionnels.
Avec notre profond regret et nos sincères salutations,
Le Bureau de l’Académie des sciences
Ghislain de Marsily
L'Académie des sciences a le profond regret de faire part du décès de Ghislain de Marsily survenu le 21 avril 2024 à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Il avait été élu correspondant le 3 mars 1997 puis membre le 18 novembre 2003 dans la section des Sciences de l’univers.
Ghislain de Marsily était un grand scientifique reconnu internationalement pour ses travaux dans le domaine de l'hydrologie quantitative. Il était Professeur Emérite à l'École Nationale Supérieure des Mines de Paris et à l'Université Paris Sorbonne, où il avait fondé et animé deux centres internationaux de recherche réputés. Il a été pionnier dans de nombreux domaines, notamment en hydrologie stochastique, et avait développé très tôt des méthodes inverses permettant de remonter aux circuits empruntés par les eaux souterraines à partir de mesures de concentration. Il avait étendu ses recherches aux phénomènes de pollution dans les nappes phréatiques, aux problèmes de gestion des ressources en eau et à l'écologie des grands fleuves. Il a formé plusieurs centaines d'ingénieurs et de chercheurs et inspiré un plus grand nombre encore d'étudiants grâce à son traité d'hydrogéologie, devenu rapidement une référence incontournable en la matière. Il était enfin à l'origine du Indo- French Centre For Groundwater Research de Hyderabad. Ses travaux lui ont valu plusieurs médailles et prix des grandes unions scientifiques internationales, parmi lesquels on peut citer le prix O.E. Meinzer de la Geological Society of America, la médaille Robert E. Horton de l'American Geophysical Union et enfin le prix spécial du Président de l'Association Internationale des Hydrogéologues. Il laissera le souvenir d'un excellent professeur soucieux d'exciter la curiosité de ses étudiants et de les encourager dans la poursuite de leurs études. Il était membre de l'Académie des sciences et de l'Académie des Technologies.
Roger Guillemin
L'Académie des sciences a le profond regret de faire part du décès de Roger Guillemin survenu le 21 février 2024.
Roger Guillemin, prix Nobel de physiologie 1977, était professeur honoraire au Salk Institute (États-Unis).
Paul Berg
Notice nécrologique
L'Académie des sciences a le profond regret de faire part du décès de Paul Berg, survenu le 15 février 2023 à l’âge de quatre-vingt-seize ans. Il avait été élu associé étranger dans la section de Biologie moléculaire et cellulaire, génomique, le 19 janvier 1981 et était professeur émérite à l'université de Stanford.
Paul Berg a grandi à New York. Il a pu profiter de la qualité de l’enseignement de l’École publique à Brooklyn et de la passion transmise par son professeur de sciences naturelles pour accéder à l’Université. Ses études ont été interrompues par la guerre et par le service dans la Marine.
Il a repris ses études après la guerre et a soutenu un doctorat en biochimie à Case Western Reserve University sur l'étude du métabolisme intermédiaire des cellules. Après un séjour en Europe, et après avoir passé entre autres plusieurs mois dans le laboratoire de Marianne Grunberg Manago à Paris, il obtient un poste de professeur assistant à Saint-Louis.
En 1959, son chef du département, Arthur Kornberg (futur Prix Nobel), accepte une offre de fonder un département de Biochimie à l’École de médecine de l’Université de Stanford qui vient de s’installer sur le campus de Palo Alto. Arthur Kornberg ramène avec lui ses cinq assistant professeurs, qui pour la plupart ont conduit toute leur carrière comme Paul Berg à cette université.
Paul Berg a étudié les mécanismes de synthèse de l’ARN messager et le rôle des ARN de transfert dans la synthèse de protéines. À la fin des année soixante, il décide de rejoindre les chercheurs qui étudient les virus oncogènes à ADN comme le Polyome et SV40. C'est avec le génome de ce dernier virus qu’il met au point la technique de clonage de fragments d’ADN, le début du génie génétique qui a révolutionné la biologie et la médecine depuis plus de quarante ans.
La possibilité de manipuler le matériel génétique de bactéries, virus ou organisme supérieurs soulève un débat intense dans la communauté scientifique et le public en général. Paul Berg participe à l’initiative de réunir la conférence d’Assilomar qui va aboutir à l’établissement de règles de précautions pour contrôler les manipulations génétiques et pour mettre en route des expériences pour tester leurs innocuités. Paul Berg reçois le Prix Nobel en Chimie en 1980 pour le développement de techniques du génie génétique et il reçoit la National Medal of Science en 1983.
Il poursuit son activité de recherche et d’enseignement à Stanford en consacrant une partie croissante de son activité a défendre l’intérêt de la science biomédicale pour l’humanité, il défend la possibilité de travailler avec des cellules souches embryonnaires humaines pour comprendre et guérir des maladies. Il participe à des levées de fonds pour la construction d’un Institut de recherche prestigieux, le Beckman center et plus tard le Stem Cell Institute. Paul Berg a formé de nombreux chercheurs dont certains sont membres de l'Académie. Il a adoré visiter la France et a gardé d’étroits contacts avec ses amis et collaborateurs français.
Henri Korn
1934 - 2023
Professeur honoraire à l'Institut Pasteur et directeur de recherche émérite à l'Inserm, membre du conseil national consultatif pour la biosécurité.
Il avait été élu correspondant le 11 juin 1990 puis membre de l’Académie des sciences le 12 novembre 2001 dans la section de Biologie intégrative.
Henri Korn était neurobiologiste spécialiste de la transmission synaptique ; il a plus particulièrement étudié les mécanismes de la libération des neurotransmetteurs dans les synapses centrales, la régulation et la plasticité de la médiation chimique, les réseaux neuronaux et les comportements moteurs, la neurophysiologie des systèmes intégrés et la dynamique non linéaire. Il était Professeur honoraire à l'Institut Pasteur et Directeur de recherche émérite à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).
Paul Tapponnier
1947 - 2023
Paul Tapponnier, né le 6 Janvier 1947 à Annecy (France), a été un pionner de l’étude de la déformation des continents. C’était un extraordinaire géologue de terrain qui, armé des techniques les plus récentes, lisait l'histoire de la Terre dans les paysages et les roches et savait développer des concepts simples pour expliquer ses observations. Son utilisation pionnière des images satellites a conduit à la fin des années 1970 à la publication de la première carte des failles actives à l’échelle de l’Asie centrale montrant de grands décrochements jusqu’alors passés inaperçus. Ces observations combinées à une approche physique des déformations, à des modèles analogiques et plus récemment numériques, l’ont conduit à proposer un modèle où le Tibet est expulsé en deux phases vers l’Est sous la poussée de l’Inde, provoquant l’ouverture de bassins marginaux. En collaboration étroite avec les géologues Chinois, népalais et d’autre pays son travail a permis de décrire les ruptures de surfaces de nombreux anciens tremblements de terre et de quantifier les vitesses de nombreuses failles quaternaires au Tibet, dans l’Himalaya, en Afar, en Afrique du Nord, au Proche Orient, en Méditerranée et en Amérique du Nord. Il a également travaillé sur les subductions et la source des tsunamis dans les Antilles et en Indonésie. Il avait cette capacité exceptionnelle d’intégrer le contexte géologique des déformations actives et donc d’appréhender des échelles de temps très variées. Il a encadré de nombreux étudiants en thèse et a été co-auteur de plus de 370 publications, dont certaines ont marqué l’histoire de la tectonique des plaques.
Ingénieur civil des mines de Paris en 1970, il obtient le doctorat ès sciences en 1978 à l’université de Montpellier sous la supervision de Maurice Mattauer et incluant un séjour de deux ans avec Peter Molnar au Massachusetts Institute of Technology(1973-1975). Il entre à l'Institut de physique du globe de Paris en 1980 où il fonde le Laboratoire de Tectonique, Mécanique de lithosphère. Il prend part aux premières explorations géologiques franco-chinoises du Tibet, qui seront suivies par de très nombreuses autres missions. A partir de 2009, il travaille à la Nanyang Technological University de Singapour, et depuis 2019 au National Institute of Natural Hazards à Pékin. Il a reçu de nombreuses distinctions tant scientifiques que civiles, notamment la médaille d’argent du CNRS (1984), la médaille Alfred Wegener (European Geological Union, 1985), le grand prix scientifique de la ville de Paris en 1990, Fellow of American Geophysical Union (1994), Francis Birch Lecturer (American Geophysical Union, 1999), la médaille Lyell (Geological Society of London, 2001).
Il était membre de l'Académie des sciences dans la section Sciences de l'univers (2005, correspondant depuis 1994), de l’American National Academy of Sciences (2005), membre honoraire de la Geological Society of London, (2008), Einstein Professor de la Chinese Academy of Sciences (2011), et membre honoraire de la Nepal Geological Society (2012). Il a été nommé Chevalier de la légion d’honneur en 1996 et a reçu le Friendship Award du gouvernement chinois en 1998.
Derek Denton
1924 - 2022
Derek Denton était professeur émérite à l'université de Melbourne (Australie).
Il a élucidé la régulation des électrolytes dans le liquide extracellulaire, les hormones contrôlant cette régulation, en particulier l'aldostérone, et les comportements instinctifs contrôlant la consommation d'eau et de sels. En 1995, lors de son élection à l'Académie nationale des sciences des États-Unis, il a été cité comme la principale autorité mondiale en matière de régulation du métabolisme du sel et de l'eau et des mécanismes de contrôle endocrinien correspondants.