Nouveau Rapport de l'Académie des sciences « La pollution aux PFAS : état des lieux des connaissances et enjeux de société »
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©Oksana Pishko
Les substances per- et polyfluoroalkylées, désormais bien connues du grand public sous l’acronyme anglais PFAS, ou leur qualificatif de « polluants éternels », regroupent un large éventail de molécules aux propriétés uniques. Leur persistance et la mobilité de certaines d’entre elles, combinées à des décennies d'utilisation généralisée dans les processus industriels, les mousses anti-incendie et les produits de consommation, ont entraîné leur présence dans tous les milieux, et leur accumulation dans le corps humain et dans les organismes au sein des chaînes alimentaires.
Aujourd’hui, les PFAS font régulièrement la une, tant dans la presse généraliste que spécialisée, en raison de leurs effets potentiels ou avérés sur la santé. Cette attention médiatique de la contamination des milieux et de l’imprégnation des populations humaines permet une prise de conscience sociétale et une évolution des normes et des réglementations. En France, une loi vient d’être adoptée, visant à interdire ces composés dans un nombre limité de produits et à instaurer une redevance pour les industriels responsables des rejets.
Dans ce contexte, le présent rapport vise à faire le tri entre les éléments scientifiques avérés et ceux non établis afin de dresser un état des lieux solide sur les connaissances scientifiques disponibles sur ces molécules. Au moyen de l’audition d’experts incontestés des domaines de l’écotoxicologie, l’épidémiologie, la chimie de l’environnement et la chimie analytique, et d’une étude poussée de la bibliographie scientifique disponible, l’Académie des sciences fournit ici son analyse et énonce plusieurs recommandations.
Ce rapport souligne la complexité inédite de la pollution aux PFAS, qui dépasse, au moins sous certains aspects, les grands épisodes de pollution environnementale passée (notamment hydrocarbures, métaux lourds). Contrairement à ces derniers, la pollution aux PFAS apparaît comme extrêmement diffuse et difficilement réversible, faute de remédiation réaliste à grande échelle à ce jour. Par ailleurs, certains usages des PFAS restent encore non substituables et, en particulier, la transition énergétique en dépend.
Face aux enjeux sanitaires et environnementaux, des efforts conséquents de recherche sont nécessaires pour mieux comprendre les effets de ces molécules, dont la diversité est considérable et les propriétés très variées. Il est essentiel d’identifier des solutions de substitution et de développer des méthodes de remédiation efficaces. En attendant ces avancées, il est impératif d’assurer un suivi précis de la présence et du devenir des PFAS. Leur émission dans l’environnement doit être totalement interdite.
Cette réflexion conduit l’Académie des sciences à souligner l’importance d’une approche plus large des expositions chimiques. Ce rapport constitue ainsi une première étape vers une étude approfondie de « l’exposome chimique », qui fera l’objet d’un travail spécifique à destination du grand public et des décideurs.