Relations scientifiques en temps de guerre
Recommandations de l’Académie des sciences, sur proposition de son Comité de défense des scientifiques (CODHOS), dont la mission statutaire est de venir en aide aux scientifiques qui sont victimes de violations des principes de la Déclaration des droits de l'Homme. Paris, le 2 mars 2022
L'invasion brutale dont est victime l'Ukraine remet en cause les relations que nous entretenons avec la Russie (et la Biélorussie) dans tous les domaines. Il faut donc nous interroger sur les relations dans le domaine scientifique avec l'agresseur. Or un grand nombre de nos collègues russes ont rendu public, dès le 24 février, leur hostilité aux opérations de guerre. Ces collègues russes ont pris des risques et nous devons saluer leur courage.
Que faire dans ce contexte ? Le CODHOS de l'Académie des sciences propose aux scientifiques de notre pays d'appliquer quelques règles face à cette situation :
• La première serait de n'entretenir que des relations scientifiques hors de tout cadre institutionnel, excluant toute coopération, toute participation nouvelle impliquant la signature d'instances officielles russes, Académie des sciences de Russie comprise, jusqu'à ce que l'évolution de la situation permette de réexaminer cette règle.
• Les séjours scientifiques en Russie (ou Biélorussie) devraient être reportés dans l'attente d'un règlement satisfaisant du conflit.
• Les relations avec les scientifiques russes devraient être organisées dans un cadre qui n'implique aucune intervention des instances scientifiques officielles russes. Cela laisse ouvertes la possibilité d'échanges directs entre scientifiques, l'organisation de séminaires ou même d'ateliers de travail en vidéo-conférence, la possibilité d'interviews préalables aux recrutements de doctorants ou de post-doctorants.
• En ce qui concerne les conférences internationales prévues aujourd'hui en Russie, leur annulation en l'état s'impose. Leur transfert dans un autre pays, plutôt qu'une substitution par une vidéo-conférence, devrait être privilégié.
À noter parmi les initiatives de solidarité aux scientifiques ukrainiens :
• sur le site du programme PAUSE, pour la France : https://www.college-de-france.fr/site/programme-pause/PAUSE-Solidarite-Ukraine.htm
• sur le site de web de l’initiative "science in exile" au niveau international : https://scienceinexile.org/