Les académiciens élus en 2014
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Ludwik Leibler travaille sur la physique et la chimie des polymères et des
colloïdes. Ses théories sont à l’origine d’une activité expérimentale et
industrielle intense. Il a récemment découvert les vitrimères, ainsi que la
possibilité de coller des tissus biologiques grâce à des nanoparticules.
Élevé dans le milieu de la recherche dès sa plus tendre enfance, Ludwik
Leibler a été attiré par la grande liberté de penser que celui-ci offrait. «
J’étais
conscient que cette activité permettait une grande créativité et une richesse
d’interactions avec des intelligences brillantes et humainement très ouvertes.
Cet espoir a été comblé !
»
Les polymères ont révolutionné les matériaux du 20
e
siècle. Toutefois, dans le monde académique, ils intéressaient
peu les départements de physique et de chimie traditionnels. Ludwik Leibler a alors la chance de contribuer à deux
bouleversements majeurs : l’application aux polymères des méthodes de physique statistique, par les physiciens,
et des méthodes de chimie supramoléculaire et covalente réversible, par les chimistes. Ses recherches dans
le domaine le conduisent à concilier des cultures assez différentes : la physique et la chimie, la théorie et les
expériences, le monde académique et le monde industriel. Ce mélange est devenu sa marque de fabrique. Ses
études théoriques, désormais classiques, ont contribué de manière décisive à la compréhension des phénomènes
d’auto-organisation dans les systèmes à base de polymères. À partir de là, Ludwik Leibler et ses collaborateurs
conçoivent des matériaux originaux, tel un plastique
transparent obtenu en alliant deux polymères opaques. Ce
produit est aujourd’hui commercialisé, notamment comme
revêtement pour les cellules photovoltaïques.
Par ailleurs, Ludwik Leibler et ses collaborateurs
mettent en valeur la puissance des liaisons réversibles
et échangeables pour contrôler la structuration et la
dynamique des polymères. Avec à la clé deux découvertes
de rupture : le caoutchouc autocicatrisant capable, après
une coupure totale, de se réparer par simple contact, et les
vitrimères, une nouvelle classe de matériaux organiques
qui, comme le verre de silice, combinent insolubilité
et malléabilité à chaud. Grâce à ce même principe de
liaisons échangeables, les chercheurs ont montré que
des solutions de nanoparticules permettent de coller
des tissus biologiques et, pourquoi pas, de réparer des
organes.
Quelques dates
•
1976 Doctorat en physique théorique,
université de Varsovie
•
1977 Post-doctorant au Collège de
France, laboratoire de Pierre-Gilles de
Gennes
•
1996 - 2001 Création du laboratoire
mixte CNRS/Elf Atochem (Arkema)
•
2004 Élection à la
National Academy of
Engineering
(États-Unis)
•
2004 - Direction du laboratoire
Matière
molle et chimie
, ESPCI/CNRS, Paris
•
2012 Grand Prix de la Fondation de la
Maison de Chimie
Division des sciences chimiques, biologiques et médicales, et leurs applications
Section de chimie
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