Les académiciens élus en 2014
A
ntoine
G
eorges
Antoine Georges travaille sur les systèmes quantiques composés d’un
grand nombre de particules ayant de fortes interactions entre elles. Il
a développé des méthodes théoriques permettant de comprendre les
propriétés collectives de ces systèmes, qu’il s’agisse des électrons
dans les oxydes de métaux de transition ou des atomes dans un gaz
ultrafroid.
Antoine Georges dit avoir bénéficié d’une éducation qui encourageait la
curiosité, l’expérimentation personnelle, la créativité, «
ce dont je suis très
reconnaissant à mes parents. Très jeune, je voulais devenir biologiste (je faisais
toutes sortes de cultures, de dissections, d’observations au microscope)… ou
écrivain ! Mais en classes préparatoires, j’ai rencontré un professeur de physique
extraordinaire (Jacques Boutigny) et découvert les premières pages du premier volume (Mécanique) du célèbre
cours de physique théorique de Landau et Lifshitz.
»
Après des débuts en physique des particules, Antoine Georges effectue l’essentiel de sa thèse dans le domaine
de la physique statistique, sur les processus de diffusion non browniens dans les milieux désordonnés. C’est
pour lui une «
drôle d’aventure
», partagée avec Jean-Philippe Bouchaud et Pierre Le Doussal «
dans une
liberté merveilleuse
». En 1986, la découverte des supraconducteurs à haute température critique le décide à
s’intéresser à la physique quantique de la matière condensée. Il
réalise rapidement que les méthodes disponibles pour traiter
les fortes corrélations entre électrons sont très limitées,
et s’attaque à en rechercher de nouvelles... même si la
tendance dominante, alors, est plus à l’imagination de
mécanismes et scénarios.
La principale contribution d’Antoine Georges est sans
doute d’avoir été l’un des créateurs de la
théorie de champ
moyen dynamique
: il s’agit d’une approche théorique qui
permet de comprendre les effets des fortes interactions
entre électrons, et de traiter les corrélations qui en
résultent de manière quantitative. L’idée centrale est de
partir des atomes qui constituent un solide, plutôt que
d’adopter dès le départ une description de gaz d’électrons.
Développée initialement pour des modèles simplifiés,
cette approche a été considérablement étendue et peut
aujourd’hui prendre en compte la complexité structurale
et électronique de matériaux réels, tels les oxydes de
métaux de transition, les composés de terres rares ou les
conducteurs organiques. Ces matériaux présentent des
effets collectifs remarquables (transitions métal-isolant,
magnétisme, supraconductivité) qui posent des questions
fondamentales et conduisent à des fonctionnalités
intéressantes pour les applications, notamment à
l’électronique.
•
1980-83 École polytechnique
•
1984-88 Thèse à l’École normale supé-
rieure (Paris)
•
1989-91 Postdoctorat à Princeton et col-
laboration avec G. Kotliar (Rutgers) sur
la théorie de champ moyen dynamique
•
2003 Création d’une équipe de re-
cherche à l’École polytechnique
•
2006 Lauréat de l’
Europhysics Conden-
sed Matter Prize
, avec W. Metzner et
D. Vollhardt, pour la théorie de champ
moyen dynamique
•
2007 Médaille d’argent du CNRS
•
2009 Professeur au Collège de France,
chaire de
Physique de la matière
condensée
Division des sciences mathématiques et physiques, sciences de l’univers, et leurs applications
Section de physique
Quelques dates
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