Les académiciens élus en 2014
P
hilippe
J
anvier
Philippe Janvier est paléontologue, spécialiste des premiers vertébrés,
ces « poissons » qui vivaient il y a environ 530 à 360 millions d’années.
Ses travaux ont permis de retracer les premières étapes de l’histoire
évolutive de ce groupe d’animaux auquel nous appartenons, ainsi que la
mise en place de ses principales innovations anatomiques.
Philippe Janvier a toujours été «
passionné par l’approche comparative de
la structure des organismes, tant actuels que fossiles : une approche qui
permet de retracer les relations d’homologie entre les structures anatomiques
héritées d’ancêtres communs, puis d’en inférer des relations de parenté entre
les espèces et, finalement, de comprendre l’émergence de leurs adaptations au
cours de l’évolution
». Étudiant, il envisageait de se consacrer à l’évolution des mammifères, mais à la suite d’une
mission de terrain au Spitzberg, il s’est tourné vers la base de l’arbre généalogique des vertébrés en étudiant
l’anatomie de leurs plus anciens fossiles, sous la direction de Jean-Pierre Lehman et Daniel Goujet à Paris, puis
de Erik Jarvik et Tor Ørvig à Stockholm.
L’intérêt de Philippe Janvier pour l’anatomie comparée a alors été comblé, tant étaient nombreuses les questions
que posait la structure de ces étranges poissons primitifs, vieux de 360 à 470 millions d’années. Leur étude a
permis de documenter la divergence la plus profonde de l’arbre évolutif des vertébrés, celle qui intervient entre
des vertébrés sans mâchoires, comme les lamproies actuelles, et les vertébrés à mâchoires, dont nous faisons
partie. Or comparer l’anatomie de ces deux groupes si différents sans le relais de fossiles aurait difficilement
permis de retracer l’ordre d’apparition des innovations qui
ont présidé à l’émergence des vertébrés à mâchoires.
C’est en analysant l’anatomie et les relations de parenté
de ces poissons fossiles très anciens que Philippe Janvier
à montré que certains d’entre eux, bien que dépourvus de
mâchoires, n’avaient pas de relations de parenté étroite
avec les lamproies, comme on le pensait alors, mais
partageaient avec les premiers vertébrés à mâchoires
nombre d’innovations anatomiques qui sont devenues des
avantages sélectifs décisifs.
Philippe Janvier a tout au long de sa carrière pu mesurer
l’importance d’un dialogue permanent avec les biologistes
du développement dans ses recherches sur la chronologie
de la mise en place de ces structures. De fait, en tant que
paléontologue, ses travaux ont toujours oscillé entre ces
deux domaines : rechercher des fossiles sur le terrain,
évaluer leur âge, comprendre leur environnement, mais
aussi découvrir leur anatomie, rechercher les homologies
de leurs caractères, élucider leurs relations de parenté,
afin de comprendre la construction de leur forme et les
conditions de leur adaptation.
Quelques dates
•
1973 Doctorat ès Science, université
Paris 6
•
1973-1974 Assistant de recherche et de
conservation, Musée suédois d’histoire
naturelle, Stockholm
•
1975 Recrutement au CNRS, à l’Institut
de paléontologie du Muséum national
d’histoire naturelle
•
1980 Doctorat d’État, université Paris 6
•
1980, 1985 Médailles de bronze, puis
d’argent, du CNRS
•
1999-2000
Honorary Research Fellow
,
Natural History Museum
, Londres
•
2008 Grand Prix Simone et Cino Del
Duca de l’Académie des Sciences
Division des sciences chimiques, biologiques et médicales, et leurs applications
Section de biologie intégrative
© DR