Les académiciens élus en 2014
T
homas
B
ourgeron
Thomas Bourgeron travaille sur le cerveau humain, et notamment sur
nos capacités à communiquer. En utilisant des approches génétiques
et neurobiologiques, il a identifié une première voie biologique associée
à l’autisme. Les gènes concernés jouent un rôle important dans le
développement des connections neuronales.
Thomas Bourgeron fait connaissance avec la science au collège, «
grâce à
un professeur de biologie extraordinaire. J’ai fait mes premières expériences
avec les boîtes de jeux « biologie et chimie 2000 » ! Je m’intéressais alors à
l’évolution et à la diversité, que ce soit des fleurs, des papillons ou de l’espèce
humaine. À cette époque, je n’avais pas conscience que les professions de ma
mère, assistante sociale, et de mon père, psychanalyste, allaient aussi grandement influencer mon futur travail
de chercheur.
» Au cours de ses études à l’université, il réussit jusqu’à sa thèse à associer ses deux passions : la
biologie et son groupe de musique, «
une version très primitive des Rolling Stones.
.. »
La recherche de Thomas Bourgeron a commencé dans le domaine de la biologie végétale, par l’étude des
mitochondries de pomme de terre. Il s’est ensuite intéressé aux maladies mitochondriales, et a identifié la première
mutation du cycle de Krebs et la première mutation de la chaîne respiratoire chez l’homme. Par la suite, il intègrera
l’université Paris Diderot, au sein d’un laboratoire de l’institut Pasteur dont l’activité est consacrée à l’infertilité
masculine. Lors du clonage d’un gène exprimé dans le cerveau, il quitte le domaine de l’infertilité masculine pour
celui de la psychiatrie.
À partir de 2003, en collaboration avec les psychiatres
Marion Leboyer et Christopher Gillberg, Thomas
Bourgeron identifie les premières mutations associées
à l’autisme dans les gènes
neuroligine
et
SHANK3
. Ces
découvertes permettent, pour la première fois, de faire
le lien entre les synapses, points de contacts entre les
neurones, et l’autisme. En parallèle, son équipe montre
que des souris mutantes pour les gènes
SHANK2
ou
SHANK3
présentent des anomalies dans les interactions
sociales, une augmentation des stéréotypies et des
problèmes de vocalisations ultrasoniques.
L’ensemble de ces résultats est le fruit d’une collaboration
étroite entre cliniciens, généticiens, neurobiologistes
et familles de patients. Thomas Bourgeron recherche
actuellement d’autres gènes de vulnérabilité à l’autisme en
utilisant le séquençage de nouvelle génération, couplé à
des données cliniques, biochimiques et neurobiologiques.
L’objectif de ce projet est l’identification de mécanismes
biologiques impliqués dans ce trouble complexe qu’est
l’autisme, afin d’améliorer le diagnostic, les soins et
l’intégration des personnes qui en sont atteintes.
•
1994 Doctorat en sciences
•
1996, 2004 Maître de conférence, puis
professeur à l’université Paris-Diderot
•
2003-2015 Directeur d’unité à l’Institut
Pasteur
•
2003, 2007 Identification des premières
mutations associées à l’autisme
•
2008 Élu membre de l’EMBO
•
2012 Caractérisation des modèles murin
de l’autisme - Chaire des fondations
FondaMental et Bettencourt-Schueller
•
2014 Généticien du projet Européen EU-
AIMS dédié à la recherche sur l’autisme
•
2015 Prix IPSEN de la plasticité
neuronale
Division des sciences chimiques, biologiques et médicales, et leurs applications
Section de biologie moléculaire et cellulaire, génomique
Quelques dates
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