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Les académiciens élus en 2014

P

atrick

C

ouvreur

Patrick Couvreur conçoit des nanotechnologies pour l’encapsulation,

le transport et la vectorisation de médicaments. Ces technologies

permettent le développement de nouvelles chimiothérapies contre des

maladies graves, à la fois plus efficaces et moins toxiques.

Patrick Couvreur a toujours été passionné par les sciences fondamentales -

physique, chimie et biologie - et les grandes découvertes qui en sont issues.

«

Mes parents, tous deux de profession médicale, ont encouragé dès mon

enfance mon caractère imaginatif et enthousiaste, mais en me sensibilisant aux

problèmes liés à la santé humaine. C’est la raison pour laquelle j’ai souhaité

mettre les sciences - chimie et biologie - au service de la thérapeutique.

»

Alors qu’il termine une thèse de pharmacie sur les comprimés, à l’Université catholique de Louvain, une discussion

avec des chercheurs de l’Institut de pathologie cellulaire de cette même université le persuade que beaucoup de

médicaments sont inefficaces en raison de leur incapacité à diffuser à l’intérieur des cellules. L’idée lui vient alors

d’utiliser ses compétences de pharmacien pour développer des « minicomprimés » qui délivreront ces molécules

au niveau intracellulaire. Ce rêve devient réalité au cours d’un stage postdoctoral à l’École polytechnique fédérale

de Zürich : Patrick Couvreur parvient à encapsuler la fluorescéine dans des nanocapsules de nylon et à montrer,

pour la première fois, que les nanotechnologies permettent d’acheminer une molécule au cœur-même des cellules.

Par la suite, Patrick Couvreur met au point les premières nanoparticules biodégradables, à base de

polyalkylcyanoacrylate. Il s’agit d’une avancée majeure : les

nanoparticules utilisées jusqu’alors ne pouvaient pas être

administrées par voie intraveineuse car elles n’étaient pas

biodégradables. L’encapsulation de la doxorubicine - un

médicament anticancéreux - dans ce type de nanovecteur

permet alors un meilleur ciblage des tumeurs. Cette

formulation fait actuellement l’objet d’un essai clinique

multicentrique de phase III pour le traitement de

l’hépatocarcinome.

Avec son équipe, Patrick Couvreur passe également

du paradigme de l’encapsulation « physique » à celui

de l’encapsulation « chimique ». L’idée est de coupler

chimiquement le médicament au squalène, un lipide

naturel et biocompatible qui forme spontanément des

nanoparticules en milieu aqueux, grâce à sa conformation

moléculaire compacte. Ce concept permet d’obtenir des

nanomédicaments capables d’encapsuler des quantités

beaucoup plus importantes de médicament, et de le libérer

de manière sélective au niveau de la cellule malade.

Quelques dates

1975 Doctorat en sciences pharmaceu-

tiques, Université catholique de Louvain

1984 Professeur à l’université Paris-Sud

2009-10 Professeur au Collège de

France, chaire

Innovations technolo-

giques

2010- Membre senior de l’Institut univer-

sitaire de France

2010-15 Obtention d’un

Advanced Grant

de l’

European Research Council

2012 Médaille de l’innovation du CNRS

2013

European Inventor Award

2014 Membre étranger de la

United

States National Academy of Medicine

Division des sciences chimiques, biologiques et médicales, et leurs applications

Section de chimie

© Heinz Troll