Encourager la vie scientifique
Promouvoir l’enseignement des sciences
Transmettre les connaissances
P
atrick
M
ehlen
Division des sciences chimiques, biologiques et médicales, et leurs applications
Section de biologie humaine et sciences médicales
Mini CV
• 1989 : élève à l’École normale supé-
rieure de Lyon
• 1995 : doctorat de biologie cellulaire
• 1996 : recrutement au CNRS
• 1997 - 1998 : post-doc au
Burnham
Institute
(Californie)
• 2004 - : directeur de l’unité
Récep-
teurs à dépendance, cancer et dévelop-
pement
au Centre Léon-Bérard, Lyon
• 2005 : médaille d’argent du CNRS
• 2010 : médaille Pie XI de l’Académie
des sciences du Vatican
© DR
Biologiste cellulaire et chercheur en cancérologie, Patrick Mehlen
étudie depuis plus de vingt ans la mort cellulaire. Il est internationale-
ment reconnu pour sa découverte des récepteurs « à dépendance »,
qui ouvrent de nouvelles voies thérapeutiques dans la lutte contre le
cancer.
Au ton simple et joyeux de Patrick Mehlen, difficile de deviner
que ses recherches portent sur la mort. «
La mort cellulaire a été
négligée jusque dans les années 1990, comme si les chercheurs lui
préféraient la vie. Pour ma part, je suis d’abord devenu chercheur pour
comprendre, sans préjuger. En 1
e
S, mon professeur de biologie répondait
souvent à mes questions « des chercheurs y travaillent
»
: le savoir n’était donc pas achevé, des décou-
vertes étaient encore possibles ! Cela a été un déclic.
» Patrick Mehlen étudie en DEA le rôle protecteur des
protéines produites par les cellules face au stress, puis montre en thèse qu’elles peuvent bloquer la mort
naturelle des cellules. La question s’est alors élargie : comment une cellule choisit-elle de vivre ou de mourir ?
Il finit par établir, avec ses collaborateurs, que certains récepteurs membranaires déclenchent la mort des
cellules quand celles-ci ne reçoivent aucun message (ou « ligand ») émis par une autre cellule. L’absence-
même est donc un message ! Ces questions intéressent la
clinique : des cellules meurent parfois trop vite, comme
dans les maladies neurodégénératives, ou persévèrent
dans leur être quitte à former des tumeurs cancéreuses.
On sait désormais que ces quinze récepteurs « à dé-
pendance » sont des suppresseurs de tumeurs : quand
les cellules tumorales prolifèrent, la quantité de ligands
étant la même, tous ces récepteurs ne peuvent pas en
capter. Comment expliquer alors la survie des cellules
tumorales ? Elles leurrent les récepteurs en mimant
la présence d’un ligand. Patrick Mehlen espère que
ses découvertes fondamentales, étroitement liées à la
clinique, aboutiront à de réelles solutions thérapeu-
tiques : des médicaments pourraient neutraliser ces
faux ligands. Son élection à l’Académie des sciences ? Il
s’en dit «
surpris et heureux : non seulement parce que je
suis issu d’un petit village du Doubs, mais surtout parce
qu’elle montre que l’Académie considère nos recherches
dignes d’intérêt.
»