Favoriser les collaborations internationales
Assurer un rôle d’expertise et de conseil
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hierry
G
iamarchi
Théoricien de la matière condensée, Thierry Giamarchi
étudie l’effet du désordre et des interactions sur les
systèmes quantiques et classiques, particulièrement à basses
dimensions, ce qui a conduit à la découverte de phases peu ordon-
nées de la matière : le verre de Bose et le verre de Bragg.
Thierry Giamarchi aime le désordre. «
Mon parcours tient à de multiples
hasards. Adolescent, la science fiction et la biographie de Pasteur m’ont
conduit vers le bricolage électronique puis en prépa, où j’ai découvert la
« vraie » physique – un émerveillement constant ! J’aime que nos concepts
soient testés par l’expérience : elle a toujours raison. On dit parfois qu’elle rate
à cause d’un désordre imprévu, que l’on rêve d’évacuer du laboratoire. Mais un autre regard est possible :
le désordre, incontournable, est source de compréhensions nouvelles.
» En 1958, Philip Anderson montrait
qu’un grand nombre d’impuretés atomiques dans un métal fige la circulation des électrons : le métal devient un
isolant, du seul effet du désordre ! Cette idée inspire Thierry Giamarchi depuis le doctorat. Dans un supracon-
ducteur - sans résistance électrique - ou un superfluide - sans viscosité -, que donne le désordre ? Il crée des
configurations surprenantes. La matière devient un « verre »,
avec des arrangements complexes et assez aléatoires
très différents de la régularité cristalline d’un solide. Le
rôle des interactions dans ces situations de désordre est
particulièrement intéressant, notamment là où la faible
dimension d’espace force les particules à se rencontrer
et à interagir. Aujourd’hui, on sait créer des objets à une
dimension, comme des supraconducteurs organiques ou
des systèmes d’atomes froids, dans lesquels la liberté
des particules est moindre qu’en trois dimensions. Cette
recherche ésotérique, passionnante en elle-même, peut
aussi avoir des implications, par exemple sur la façon
dont des supraconducteurs transportent le courant ou
sur le stockage de l’information dans un disque dur d’or-
dinateur. Thierry Giamarchi éprouve un respect immense
pour les membres de l’Académie : «
Certains ont boule-
versé ma pensée. Je suis touché d’être resté dans leur
champ de vision malgré la distance et souhaite, comme
académicien, promouvoir l’éducation scientifique et le
renforcement du rôle des physiciens dans la société.
»
Division des sciences mathématiques et physiques, sciences de l’univers, et leurs applications
Section de physique
© DR
• 1982 : élève à l’École normale
supérieure
• 1986 : entrée au CNRS
• 1987 : doctorat ès Sciences (université
Paris-Sud)
• 1992 : post-doctorat aux laboratoires
Bell (
AT&T Bell Labs
), New Jersey
• 2000 : Prix Anatole et Suzanne
Abragam de l’Académie des sciences
• 2002 - : professeur à l’université de
Genève, département
Physique de la
matière condensée
• 2014 :
Fellow of the American Physical
Society
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