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B
rigitte
K
ieffer
Brigitte Kieffer est neurobiologiste. Elle a isolé le premier gène d’un
récepteur aux opiacés et développé des approches génétiques pour
comprendre le rôle de ces récepteurs dans le cerveau. Son travail a
des implications dans les domaines de la douleur, des addictions et
des troubles de l’humeur.
«
J’ai toujours souhaité explorer et comprendre, et ma fascination pour
les molécules du vivant, d’une part, et le cerveau, d’autre part, m’ont
naturellement poussée vers la neurobiologie moléculaire.
» Après la
démonstration de l’existence de récepteurs aux opiacés dans les
années 70, le système opioïde a été intensément étudié par la phar-
macologie, mais les progrès sont restés fort limités en raison de l’absence de caractérisation
moléculaire des récepteurs. C’est chose faite au début des années 90, quand Brigitte Kieffer et
son équipe isolent et caractérisent le premier gène d’un récepteur aux opiacés, ouvrant la voie à la
caractérisation d’une famille de gènes et à l’utilisation d’outils génétiques pour l’étude de leur mode de
fonctionnement
in vitro
et
in vivo
. Son équipe a ensuite créé des souris génétiquement déficientes en
récepteurs et montré que le récepteur μ médie à la fois les actions thérapeutiques (analgésie) et redou-
tées (dépendance) de la morphine. Ce récepteur est aussi un médiateur général de « récompense »,
responsable des effets euphorisants des drogues d’abus, mais aussi de récompenses naturelles comme
l’interaction sociale. Par ailleurs, l’analyse des souris
mutantes a révélé le rôle anxiolytique et antidépresseur
du récepteur δ, inconnu jusqu’alors, une découverte à
l’orgine de programmes cliniques pour le traitement
de troubles de l’humeur. Plus récemment, Brigitte
Kieffer et ses collaborateurs ont développé un modèle
génétique permettant de visualiser directement les
récepteurs dans le système nerveux ! «
Notre
recherche a des implications dans le domaine des
neurosciences et des maladies neurologiques et psy-
chiatriques. Mon entrée à l’Académie des siences est
une reconnaissance majeure du caractère pionnier de
cette recherche au niveau international, et représente
un tremplin formidable pour amplifier l’impact de nos
travaux dans la communauté scientifique et la société
civile.
»
Division des sciences chimiques, biologiques et médicales, et leurs applications
Section de biologie moléculaire et cellulaire, génomique
• 1992 : isolement du premier gène de
récepteur aux opiacés
• 1996 : le récepteur μ médie les
effets analgésiques et addictifs de la
morphine, qui sont indissociables
• 2000 : le récepteur δ est anxiolytique
et antidépresseur
• 2004 - 2014 : le récepteur μ est
essentiel au développement de l’inte-
raction sociale
• 2006 - 2009 : le récepteur δ est vi-
sible
in vivo
© B. Eymann - Académie des sciences
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